...un flot antique de lumière...
Gionata Sgambaro et Frédéric Vaysse-Knitter ressuscitent l’Antiquité rêvée de
Debussy
CD, critique.
Un flot antique de lumière… Gionata Sgambaro, flûte / Frédéric Vaysse–Knitter, piano (1 cd Klarthe records, 2016)
CD, critique. DEBUSSY : Un flot antique de lumière… Gionata Sgambaro, flûte / Frédéric Vaysse–Knitter, piano (1 cd Klarthe records, 2016). Sous le sceau de noces inspirantes, alliant poésie et musique, deux musiciens complices fêtent ainsi leur 15 ans de partage et de coopération artistique en dédiant ce nouvel album édité par Klarthe au secret poétique de Debussy : passionné d’Antiquité, chantre enivré, adepte des miracles de Pan (comme Ravel dans Daphnis et Chloé), en harmonie avec la Nature, le compositeur sait suggérer, exprimer, traduire en musique l’enchantement magique que produit le poème. Les 9 œuvres ainsi abordées se concentrent sur les inspirations de Debussy, le texte incantatoire, le flux du verbe alchimiste qui est à la source de bien des partitions. Or la réussite du programme tient à l’éloquence des deux instrumentistes dont la fusion, l’écoute, la respiration à deux âmes fraternelles remplacent aisément la force de la parole et du chant, en particulier dans leur transcription
des mélodies.
Mais la voix ne manque ici tant les instrumentistes font parler leur instrument. La flûte,
syringe moderne invoque la riche thématique de l‘univers debussyste, fantasmagorie qui mêle vénération des
silhouettes antiques, culte de la vie, de son frémissement délicat, évanescent, d’une fugacité presque terrifiante
comme le rappelle justement la Sonate n°3, l’ultime, émanation selon les mots de Claude « de ce qu’un homme
malade peut écrire pendant la guerre » (1917).
A travers le cycle Bilitis ou « 6 épigraphes antiques » ressuscite l’image et son frémissement des reliefs antiques auxquels le souffle des musiciens apportent éclairs et accents du souffle vital. La ductilité
coloriste des deux musiciens s’accomplit pleinement dans la sélections de mélodies dont ils offrent une
transcription ciselée, dans l’intonation, l’émission, la suggestivité : Nuits d’étoiles (1880), Beau soir (1891) ou Green…, entre autres, respectivement d’après Banville, Bourget, Verlaine (qui aussi inspiré
« il pleure dans mon cœur »… précisent cette inspiration première chez Debussy qui en fait un compositeur littéraire, au
grand bonheur de Mallarmé. Le titre de l’album « sous un flot antique de lumière », renvoie au Faune qui
s’éveille.
Et le voyage en correspondances et filiations orfévrées s’achève par le chef
d’œuvre primordial qui les annonce tous, Prélude à l’Après-midi d’un Faune, conçu dès 1894 d’après Mallarmé justement et dont la version ici apporte un éclairage aussi poétique, puissant qu’original. Ainsi se dresse, fier et naïf, l’Egipan, compagnon et disciple de Pan… « fatigué de poursuivre nymphes craintives et naïades timides, (il) s’abandonne à un sommeil voluptueux qu’anime le rêve d’un désir enfin réalisé : la possession complète de la nature entière ». Les deux musiciens en parfaite harmonie, expriment à deux voix ce rêve d’un jeune être immense par son désir comme sa pudeur insatisfaite. Remarquable récital, idéalement debussyste.
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CD, critique. DEBUSSY : Un flot antique de lumière… Gionata Sgambaro, flûte /
Frédéric Vaysse–Knitter, piano (1 cd Klarthe records, enregistrement réalisé en sept 2016). CLIC de CLASSIQUENEWS printemps 2021.
https://www.klarthe.com/index.php/fr/enregistrements/un-flot-antique-de-lumiere-detail
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CLASSIQUENEWS.COM
Alors m’éveillerai-je à la ferveur première, Droit et seul, sous un flot antique de lumière, Lys! et l’un de vous tous pour l’ingénuité…
Cet extrait de L’après-midi d’un Faune de Stéphane Mallarmé nous renvoie au Prélude de Claude Debussy, et ici, à sa transcription pour flûte et piano.
Le flûtiste Gionata Sgambaro et le pianiste Frédéric Vaysse-Knitter ont rassemblé les pièces les plus élégiaques de ce compositeur autour duquel ils se sont rencontrés il y a une quinzaine d’années.
C’est un album plein de poésie où la virtuosité des deux interprètes n’a d’égal que leur éloquence.
Le Prélude à l’après-midi d’un faune vient clore ce vibrant hommage et est présenté ici dans une nouvelle transcription plutôt convaincante, très équilibrée et d’une extrême clarté.
On est porté de bout en bout par cet élan poétique, comme si cette nuit d’étoiles ne devait plus finir. La prise de son vient servir les intentions des deux interprètes complices, ainsi que la présence troublante de cette suite onirique de clairs-obscurs.
Un bel album.
Titre: …un flot antique de lumière…
Artistes : Gionata Sgambaro, Frédéric Vaysse-Knitter.
Format: PCM 24 bit, 96 kHz
Ingénieur du son : Christophe Hauser.
Editeur/Label: Klarthe.
Année: 2020
Genre: Classique.
Intérêt du format HD : Réel.
23 janvier 2021 par Joël Chevassus | AUDIOPHILE-MAGAZINE
Une sorte de concordance des temps. Une concordance poétique et qui convient parfaitement à son sujet. En septembre 2016, le flûtiste Gionata Sgambaro et le pianiste Frédéric Vaysse-Knitter ont "l’opportunité de pouvoir jouer et enregistrer avec un magnifique piano Steinway de 1952, ayant appartenu à la fondation Tibor Varga, dans un lieu onirique immergé dans la nature". Le répertoire est vite choisi, ce sera Debussy : Syrinx, le Prélude à "l’après-midi d’un faune", Bilitis (six épigraphes antiques), la Sonate n°3, L’ombre des arbres, Nuit d’étoiles, dans des arrangements de Gionata Sgambaro ou Karl Lenski.
Debussy a régulièrement été caractérisé comme impressionniste, ce qu’il a toujours réfuté.
"Des sortilèges du symbolisme à la maturité de la tradition française, avec toujours le même raffinement dans les nuances, la même malléabilité de la déclamation, la même mobilité harmonique et la même liberté d’écriture" comme le disait le musicologue? François Lesure. Sa musique laisse une place importante à la couleur et aux timbres des instruments. Pour la flûte, il y a la clarté du timbre, sa volubilité, son côté aérien ou pastoral, les réminiscences mythologiques. Tout ce que l’on retrouve naturellement dans Syrinx. Syrinx, courte pièce composée en 1913, comme musique de scène dans le troisième acte de la pièce de théâtre Psyché de Gabriel Mouray repose sur un récit mythologique. Cette mélodie, c’est le charme du dieu Pan, c’est une mythologie fantasmée, c’est le désir, c’est une troublante sensualité.
Dans Les Six Épigraphes antiques, Debussy reprend la musique de scène qu’il avait composée en 1900-1901 pour le cycle des douze Chansons de Bilitis de son ami poète Pierre Louÿs. Le compositeur nous plonge entre orientalisme, évocations du dieu Pan, danses lascives, climats presque extatiques, modes anciens, éléments de la musique du gamelan indonésien.
Et puis il y a également le célèbre Prélude à "l’après-midi d’un faune" inspiré d’un poème de Stéphane Mallarmé. C’est, comme l’écrira Pierre Boulez : "avec la flûte du faune que commence une respiration nouvelle de l’art musical, non pas tellement l’art du développement musical que sa liberté formelle, son expression et sa technique. L’emploi des timbres y est essentiellement nouveau, d’une délicatesse et d’une sûreté de touche tout à fait exceptionnelles ; l’emploi de certains instruments comme la flûte, le cor ou la harpe, y est caractéristique de la manière dont Debussy les employa dans ses œuvres les plus tardives ; les bois et les cuivres y trouvent une légèreté de main et une sûreté d’emploi telles que l’on se trouve en présence d’un miracle d’équilibre et de clarté sonore."
Il ne faudra pas non plus occulter les beaux Il pleure dans mon cœur, Green, Beau soir ou encore la sonate n°3, écrite pour violon mais qui convient parfaitement à la flûte. Des pièces admirablement interprétées avec style, virtuosité, volupté et sensibilité, avec un grain sonore, une très belle souplesse dans les nuances.
http://www.froggydelight.com/article-24108-Gionata_Sgambaro_Frederic_Vaysse_Knitter
Le Noise (Jérôme Gillet)
Peu de choses sont plus belles que le Prélude à l’après-midi d’un Faune de Debussy. Plus intime, sa transcription pour piano et flûte compte sans doute parmi les plus grands éblouissements du siècle dernier. Pour le plaisir de creuser ce sillon, et de décliner ce tableau aux couleurs si reconnaissables pendant près d’une heure, le flûtiste Gionata Sgambaro et le pianiste Frédéric Vaysse-Knitter ont rassemblé les pièces les plus élégiaques de ce compositeur autour duquel ils se sont rencontrés, il y a de cela quinze ans. Grand bien leur a pris ! Spécialiste des flûtes d’époques, qu’il pratique au sein de l’Orchestre des Siècles depuis 2003, Gionata Sgambara a arrangé pour cet effectif somme toute peu commun plusieurs Mélodies, où Verlaine – Il pleure dans mon cœur, Green et L’ombre des arbres – tient une place de choix. De même que le Bilitis, plus méconnu, basé sur un texte de Pierre Louÿs et arrangé par Karl Lenski. La complicité des deux interprètes transpire tout au long de ce passionnant parcours en terres impressionnistes.
21/11/2020 SUZANNE CANESSA Novembre 2020 | Zibeline
Non seulement grâce à l'œuvre exemplaire Syrinx pour flûte seule, un CD entièrement rempli de musique pour flûte (et piano) avec des œuvres de Claude Debussy est une collection immédiatement plausible. Il comprend également des œuvres arrangées qui ne sont pas encore familières avec cette instrumentation. Il s'agit, d'une part, du Prélude à l'après-midi d'un faune, habituellement joué comme une œuvre orchestrale, et, d'autre part, de la Troisième Sonate, dite "Sonate pour violon". Celles-ci sont rejointes par des pièces plus petites qui complètent cette charmante collection. Il s'agit de chansons dans la version instrumentale.
Les deux interprètes cultivent leur duo musical depuis deux décennies. Ils le montrent dans un jeu d'ensemble immaculé. Ils trouvent également une manière engageante d'exprimer les énoncés musicaux des pièces, qui exprime avec sensibilité la richesse des nuances et le spectre des couleurs des compositions impressionnistes de Debussy. Ils évitent ainsi que la bonne heure de musique ne puisse donner qu'une impression monotone du tout et offrent une belle vue sur les tons plutôt doux.
Debussy im Klang der Flöte
21/11/2020 Pizzicato, Remy Franck's Journal about Classical Music
Chartres, au son de la flûte contemporaine
La lettre du Musicien n°358
Donnez une carte blanche à un flûtiste - en l'occurence, Gionata Sgambaro, cofondateur avec François-Xavier Roth de l'orchstestre Les Siècles - et vous serez assuré qu'il propose un parcours dans l'univers de son instrument qui ne manque pas de souffle.
Depuis l'originelle et symbolique Sequenza de Berio de 1958, c'est une vaste palette d'expression des 20e et 21e siècles qu'offrit en effect le flutiste italien, lors de son récital au theâtre de Chartres. Pièce soliste comme le virtuose et jubilatoire Loops de Philippe Hurel, mais surtout pièces pour flûte et électronique qui virent la charmante salle de la ville beauceronne vibrer des sonorités étrangement ludiques de Claudio Bettinelli (Sedimenti Rimossi, en création), de l'art structuré et poétique de Jean-Louis Agobet (Nuée - Trace de 1993) d'improvvisations, mais également de la rayonnante création de Pierre Charvet, And it was done, qui démultipliait le son de la flûte pour le faire résonner dans des dimensions proprement cosmiques.
On souhaite que ce voyage au coeur de la flûte se poursuive dans d'autres lieux, tant Gionata Sgambaro sut en présenter et en soigner chaque étape, et, par-delà, livrer une image juste et chaleureuse de la musique de notre temps. (22 avril 2008)
Laurent Vilarem
"Vu : « Comme l’eau du temps », J.-S. Bach à l’Auditorium de Brest
Le Festival « Comme l’eau du temps » ouvrait sa septième saison, vendredi soir à l’Auditorium, par un programme consacré à Jean-Sébastien Bach. Un compositeur et un choix d’oeuvres illustrant de façon emblématique le nom de ce festival. Sous les doigts du claveciniste Emmanuel Rousson, les pages de Bach coulent avec fluidité et grâce : l’eau limpide d’un ruisseau qui sourd en distillant ses sons cristallins, survolés par la brise aérienne et virevoltante de la flûte traverso de Gionata Sgambaro. Les deux musiciens ont su nous faire respirer « l’air du temps » en faisant passer l’inventivité harmonique et la richesse contrapuntique de Bach dans une interprétation émouvante, dénuée d’effets inutiles. Leur volonté de rester au plus près des intentions originelles de la partition, servie par un jeu distinct et précis mais teint d’une sensibilité toute personnelle, restitue une émotion authentique. Un propos musical d’une belle unité, aux timbres nostalgiques évoquant un temps qui s’écoule sans heurt. Emmanuel Rousson (clavecin) et Gionata Sgambaro (flûte) dans le premier concert du festival 2011 : le monument musical baroque J.-S. Bach dans une interprétation remarquable."
OUEST FRANCE Lundi 26 septembre 2011
MONUMENTALE PASSION SELON SAINT MATTHIEU PAR VACLAV LUKS À LA TÊTE DE L'ONF AU THÉÂTRE DES CHAMPS-ÉLYSÉES
Publié le 22 Avril 2019 par andika
Catégories : #Concert, #Bach, #ONF, #Théâtre des Champs Élysées, #Musique, #Musique Classique, #Musique sacrée, #Review
Semaine sainte oblige, on entend des Passions de Bach à foison en région parisienne. Mais il ne s'agit pas d'une corvée, bien au contraire. Même si la passion ne fait que précéder la résurrection, s'y plonger en musique peut s'avérer être un plaisir intense. En plus du plaisir, les émotions ne sont jamais loin tant ces passages des Évangiles narrés sont tragique.
La Passion selon saint Matthieu de Bach, donnée par l'Orchestre National de France, le Choeur de Radio France et la Maîtrise de Radio France, sous la direction du chef tchèque Vaclav Luks, est une œuvre monumentale. Musique sacrée, méditative, elle a été donnée le 19 avril 2019 au Théâtre des Champs-Élysées. Un vendredi saint avec de la musique sacrée dans un temple qui, bien que profane, ne manque pas de stature.
Composée en 1727, créée le 11 avril 1727 en l’église Saint-Thomas de Leipzig (première version). Révisée de 1727 à 1729, puis tombée dans l'oubli près d'un siècle jusqu'à sa redécouverte par Felix Mendelssohn en 1829, la Passion selon saint Matthieu de Bach a mis du temps avant de s'imposer dans le répertoire. Aujourd'hui unanimement reconnue comme un monument de la musique, elle est devenue un incontournable. Et ce n'est que justice tant elle est riche, et profondément émouvante.
Bach est un compositeur qui produit une musique qui fonctionne en toutes circonstances. La même partition peut passer d'un instrument à un autre sans être dénaturée. Comme le montrent par exemple ses Partitas pour clavier qui fonctionnent aussi bien au piano qu'au clavecin. Le débat pour la passion s'oriente plutôt sur la démarche du chef. Historiquement informée ou non. Instruments d'époques ou instruments modernes. Pour ce concert, l'Orchestre national de France n'a pas changé sa nature et a joué sur des instruments modernes, à l'exception notable de la présence de la viole de gambe. Le chef, Vaclav Luks, est quant à lui un spécialiste du répertoire baroque, qui travaille souvent avec des instruments d'époque. Cela faisait de cette rencontre un moment intéressant, en mettant en effet un authentique baroqueux à la tête d'un orchestre jouant sur instruments modernes, dans cette œuvre particulière.
A la tête du chœur, de la maitrise et de toutes les forces de l'ONF divisées en deux, le premier choral, « Kommt, ihr Töchter, helft mir klagen », s'avère d'emblée très majestueux, avec un son dense et rond à l'orchestre. Une grande clarté dans le son. Les voix sont également précises, notamment dans la polyphonie et la diction du chœur est exemplaire. On sent une véritable intensité et une vraie compréhension du texte. Tout au long de l'ouvrage, la solennité était bien présente. Sans être à la messe, la puissance du texte de l'évangile de Matthieu était bien là. Cette forme de l'oratorio comporte une composante théâtrale consubstantielle. En effet, même en l’absence totale de scénographie, le dialogue entre les intervenants et la narration de l'évangéliste (superbe ténor, Maximilian Schmitt), amènent intensité dramatique et dynamisme. Et cela ne sera jamais démenti durant les trois heures que dure cette passion.
Devant tant d'abondance de musique, on soulignera tout particulièrement les bois colorés de l'ONF qui fleurent bon le baroque alors que la facture des instruments est tout à fait moderne. Saluons également certains passages remarquables, qui ont été très marquants. Cet aria "Erbarme dich,Mein Gott" chanté par la formidable alto, Sophie Harmsen, accompagnée par le premier violon solo de l'ONF, Sarah Nemtanu, debout pour l’occasion. Un timbre sombre à la voix, une puissance, un sérieux, une intensité émouvante. L'accompagnement au violon, emprunt de clarté, et d'un zeste de vibrato ne faisait que renforcer le moment. Et pour ce concert exceptionnel, Luc Héry, l'autre violon super solo du national était présent, et il s'est illustré lors de l'aria de la basse, "Gebt mir meinen Jesum wieder". Un son assuré, une technique sans faille pour un solo brillant. Le récitatif du ténor Krystian Adam, "O Schmerz ! Hier zittert das gequälte Herz !" démontre une émotion intense dans la chaleur du timbre, et la grande palette de couleurs pour animer le drame, tout cela sans emphase. La soprano hongroise Emöke Baráths aura été brillante de bout en bout. De sa première intervention pleine de colère, mais de précision dans la prosodie et la manière de faire vibrer sa voix, notamment dans de sublimes vocalises lors de l'aria "Blute nur, du liebes Herz !" Et à l'opposé, on sentait toute la tristesse possible dans le récitatif "Er hat uns allen wohlgetan" Saluons enfin la maitrise de Radio France pour ce choral céleste "O Mensch, bewein dein Sünde groß" De quoi fondre en larmes.
L'ensemble de cette performance a été de très haute tenue. On sentait notamment un chef spécialiste de ce répertoire qui malgré l'effectif, et la nature des instruments, est parvenu constamment à préserver un climat intimiste, propice au recueillement. Et pourtant, tout cela n'a pas été fait au détriment du côté monumental de l’œuvre qui était parfaitement intelligible tout le long, notamment lors des nombreuses interventions du chœur et de la maitrise parfaitement préparés par Edward Caswell et Marie-Noëlle Maerten. Une ligne musicale très intelligible dans le chant, et un grand sens de la narration. Enfin, le baryton Johannes Weisser et le baryton-basse Krešimir Stražanac en Jésus, ont chacun assuré leurs passages avec assurance et profondeur.
L'ensemble des interprètes triomphants à l'issue du concert sont acclamés de longues minutes par le public du Théâtre des Champs-Élysées, après une passion mémorable, pleine de drame, d'émotion et de tendresse. Définitivement une œuvre monumentale qui ne peut laisser personne indifférent.
Concert disponible en réécoute pendant un mois sur le site de France Musique
Le Blog de Andika
Des symphonies de Beethoven… en version mini
Var-Matin (Fréjus / Saint-Raphaël)11 Aug 2018
RECUEILLI PAR Ph.D.
Frédéric Audibert, violoncelliste et directeur artistique de « Classic à Saint-Raphaël ».
Son nom est une référence dans le monde de la musique et du violoncelle, aussi bien en tant qu’enseignant qu’en tant que concertiste. Plus qu’un organisateur, Frédéric Audibert se veut un « fédérateur de talents ». Rencontre avec le directeur artistique de Classic’A SaintRaphaël.
Pourquoi ce festival?
Parce qu’il existe dans la cité de l’Archange un public en demande pour la musique classique et pour un événement qualitatif tel que le furent, autrefois, les Soirées musicales des Templiers. La ville renoue ainsi avec une offre de haut niveau, dans la perspective d’une mise à la portée de chacun des programmes et des interprètes de toutes générations. Plus qu’un festival, j’ai souhaité mettre en oeuvre de véritables rencontres avec, en plus des concerts, des discussions autour de thématiques relatives aux concerts nocturnes avec la présentation des oeuvres jouées.
Comment avez-vous choisi les musiciens ?
Au fil de mes concerts, je rencontre de très grands talents avec lesquels je partage la scène. Je me suis dit qu’il fallait absolument que je les fasse connaître ici, dans une cité qui possède un cadre propice à l’émergence d’une politique musicale et culturelle de qualité. D’où ces invitations lancées à Oswald Sallaberger, merveilleux violoniste qui a dirigé l’orchestre de Rouen, au flûtiste Gionata Sgambaro et à l’altiste Federico Bresciani. Nous faisons partie du Festspiele Dresden Orchestra. Il y a aussi Paul Beynet, qui est un merveilleux pianiste.
Des originalités dans le programme ?
Il y aura des œuvres connues du répertoire autour des trois piliers que sont Bach, Mozart et Beethoven que nous avons choisi d’explorer lors de ces journées. Pour autant, nous entendons que ces programmes restent variés et festifs, car la musique classique doit être une fête partagée. Ainsi, si tout le monde connaît les symphonies de Beethoven qui sont universelles, leur réduction pour quatuor flûte, violon, piano et violoncelle réalisée par Hummel sont des joyaux, d’un grand intérêt musical. Nous sommes heureux de les proposer pour la première fois.
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Piau, Les Siècles et Debussy en belle compagnie impressionnent le Musée d’Orsay
Le 05/02/2018Par Frédérique Epin (Olyrix)
L’auditorium du Musée d’Orsay, Sandrine Piau et l’ensemble instrumental Les Siècles rendent hommage à Debussy (2018 commémore les cent ans de sa disparition) au cours d’une soirée intitulée « Debussy en liberté » :
Syrinx, pour flûte seule, introduit le concert comme elle introduisait le 3ème acte de Psyché, pièce de théâtre pour laquelle elle fut conçue. La flûte, pour qui Claude Debussy laissa à la postérité des pages emblématiques, est le fil conducteur de la soirée, étant mise en valeur dans la quasi-totalité des œuvres présentées. Le compositeur l’évoquait « chantant sur l’horizon » et, sous les doigts de Gionata Sgambaro, elle parvient à « contenir tout de suite son émotion ».
Suivent les Chansons de Bilitis : La flûte de Pan, La chevelure et Le tombeau des Naïades, chef-d’œuvre d’intimité qu’interprètent Sandrine Piau, soprano et Jean Sugitani au piano. La formation Les Siècles a pour ambition d’interpréter chaque répertoire sur des instruments historiques appropriés. Le programme précise ainsi que pour ce concert le pianiste joue sur un instrument Gaveau 1907. L’ambitus resserré dans le medium et le grave de la voix, ainsi que l’écriture syllabique de ces trois chansons, permettent une bonne compréhension du texte et transforment l’interprète en une conteuse inspirée. La voix peu puissante de la soprano dans cette partie de la tessiture confère aux mélodies une grande intimité et une certaine fragilité, sans toutefois parvenir à rendre l’ampleur des phrases de La chevelure.
La harpe succède au piano pour les Deux sonnets d’André Caplet, lauréat du Prix de Rome, comme Debussy et apprécié de ce dernier : « Hier, pour la première fois, j’ai entendu deux mélodies d’André Caplet [...]. Ce Caplet est un artiste. Il sait trouver l’atmosphère sonore et, avec une jolie sensibilité, a le sens des proportions ; ce qui est beaucoup plus rare qu’on ne le croit, à notre époque de musique bâclée, ou hermétique comme un bouchon ! » La soprano laisse ainsi émerger une autre voix claire et précise, systématiquement atténuée dans les aigus. Les multiples colorations vocales dues aux nuances de vibrato maintiennent l’intérêt intact, même si parfois la perception du texte est amoindrie.
Un parfum de douce nostalgie se répand alors dans l'Auditorium du Musée d'Orsay, il émane de la Sonate n° 2 pour flûte, alto et harpe en fa majeur de Debussy, conçue en 1915 dans la tourmente de la Première Guerre mondiale. Nostalgie dissipée par les Quatre chants russes (Canard, Chanson pour compter, Le moineau est assis et Chant dissident) d'Igor Stravinsky. La voix y brille dans l’aigu et l’émission accompagnée de mouvements de tête semble aider la soprano à dispenser l’énergie requise de ces chants d’inspiration populaire.
Le choix du programme met ainsi en évidence les liens de Debussy avec différents compositeurs (Stravinsky, Caplet, Delage) et les connexions de ces compositeurs entre eux. Au centre du concert, le Prélude à l'après-midi d'un faune qui réunit tous les instrumentistes dans une interprétation magistrale mais manquant hélas de velouté, offre un hommage aux Ballets Russes (qui chorégraphièrent ce Prélude au Châtelet le 29 mai 1912) mais également à Stravinsky (lui aussi fort lié à cette compagnie de danse), comme l'écrit lui-même Debussy : « Pour moi qui descends l’autre versant de la colline, en gardant toutefois une ardente passion pour la musique, il y a une satisfaction spéciale à constater combien vous avez reculé les bornes permises de l’empire des sons. »
Avant-dernier opus du concert, les Quatre poèmes hindous de Maurice Delage intitulés Madras, Lahore, Bénarès et Jeypour, transcrivent en carnet de voyage quatre villes parcourues par le compositeur lors d’un séjour aux Indes. Si Delage les dédie à Ravel, Schmitt et Stravinsky, il doit sa vocation à Debussy après l’écoute de Pelléas et Mélisande et Stravinsky lui dédia également la première mélodie de ses Trois poésies de la lyrique japonaise. Miniatures musicales, les Quatre poèmes hindous sont le résultat d’un travail sonore spécifique évoquant les mélodies et les rythmes de la musique indienne sans jamais tomber dans un exotisme de mauvais aloi. Il invente le pizzicato-glissando, évoquant la cithare, utilise les sons harmoniques auxquels répondent les beaux aigus piano de la chanteuse et réclame de la voix féminine des vocalises bouche fermée, miroir des sons des cordes jouées avec sourdine. Sandrine Piau, placée devant l’ensemble instrumental, se glisse agilement dans ces sonorités particulières, si bien que ses mouvements intempestifs de tête, quand elle veut intensifier son discours ou vocaliser rapidement, étonnent. Cette œuvre fut créée en 1914 conjointement avec les Trois Poésies de la lyrique japonaise de Stravinsky : avec ces trois haïkus musicaux, le compositeur russe crée un nouveau procédé de scansion, accentuant le texte de façon irrégulière. L’écriture dans l’aigu de la voix est favorable à la soprano, qui semble physiquement mettre beaucoup d’énergie dans la réalisation de cette accentuation particulière.
La dernière pièce du concert, Viens ! une flûte invisible soupire de Caplet, fait doucement et délicieusement dialoguer la flûte, le piano et la voix. Sandrine Piau émet une voix colorée aux graves bien timbrés et sonores, alternant très souplement voix vibrée et voix droite.
L’accueil chaleureux du public suscite un bis : Le Lied d’Ophélie de Chostakovitch pour voix et violoncelle. La soprano, chaudement acclamée, aurait bien fait durer le plaisir… Cependant les instrumentistes la laisseront saluer seule, sans réapparaître sur scène.
À LUXEMBOURG, CRÉATION LYRIQUE DU DUO ALEXANDRE DESPLAT-SOLREY
RESMUSICA | Le 3 mars 2019 par Pierre Degott
Luxembourg. Grand-Théâtre. 26-II-2019. Alexandre Desplat (né en 1961) :
En Silence, opéra de chambre pour 1 mezzo-soprano, 1 baryton, 1 comédien & 10 musiciens.
Livret d’Alexandre Desplat & Solrey adapté de la nouvelle de Yasunari Kawabata. Mise en scène & vidéo : Solrey. Scénographie & lumières : Éric Soyer. Costumes : Pierpaolo Piccioli. Avec : Sava Lolov, le narrateur ; Camille Poul, Tomiko ; Mikhail Timoshenko, Mita.
Ensemble United Instruments of Lucilin, direction : Alexandre Desplat
GRAND-DUCHÉ DE LUXEMBOURG
EN SILENCE
C’est à Alexandre Desplat, compositeur essentiellement connu pour ses nombreuses musiques de film, qu’échoit le privilège de concevoir En silence, partition adaptée à partir de la nouvelle éponyme de Yasunari Kawabata, premier écrivain japonais à avoir reçu le prix Nobel de littérature.
Adapté de la nouvelle de l’écrivain japonais Yasunari Kawabata, l’opéra de chambre En Silence plonge l’auditeur au cœur du processus créatif, abordant des thématiques aussi diverses que le mystère de l’inspiration et de l’écriture, l’incapacité de créer, la mort, la vie après la mort, la filiation, la mémoire, l’imaginaire. L’histoire raconte comment Mita, un jeune écrivain, rend visite à son maître aujourd’hui paralysé, Ômiya Akifusa. Victime d’un AVC, le vieil écrivain ne peut ni parler ni écrire même s’il est encore capable de mouvoir une de ses mains. Refusant la tentative qui lui est suggérée de s’exprimer, même de manière minimale, à l’aide de katakanas, il s’enferme définitivement dans le silence. La situation, qui implique également Tomiko, la fille du maître qui a sacrifié pour son père sa vie de femme, engage une série de conversations sans réponses au cours desquelles Mita et Tomiko, deux êtres qui se cherchent sans jamais se trouver, errent dans l’infini de leurs sentiments troubles, de leur douleur insondable et de leur incompréhension.
L’ouvrage, dont le livret a été coécrit par Alexandre Desplat et sa compagne Solrey, n’est pas sans quelques échos autobiographiques : violoniste de formation, Solrey a dû renoncer autrefois à sa carrière musicale après un accident qui l’a privée de sa main gauche. Autour de ce superbe texte qui ouvre à l’infini les perspectives de l’imaginaire, le célèbre compositeur de musiques de film, auteur de plus d’une centaine de bandes-originales, musicien auréolé de deux Oscars et de multiples autres récompenses, a composé une partition sobre et originale, confiée à un effectif réduit : trois instruments à cordes (violon, alto, violoncelle), trois flûtes, trois clarinettes et un jeu de percussions. À mille lieues des effusions lyriques qu’on associe parfois à l’opéra, Desplat cherche au contraire la subtilité des timbres et des harmonies, la pertinence des rythmes, la transparence instrumentale à même de privilégier l’intelligibilité du texte. Dans son épure minimaliste, dans son orchestration réduite, dans son choix d’un contexte japonais et dans sa tentative de reproduire des sonorités nippones, l’ouvrage ne serait pas sans évoquer les trois Church Parables de Benjamin Britten, même si l’on entend également des échos de Ravel (les rythmes du Boléro, notamment), de Philip Glass (répétition de rythmes entêtants), de Steve Reich et de Stravinsky. L’écriture vocale n’est pas sans rappeler, dans ses choix déclamatoires, le Poulenc des Dialogues des carmélites ou le Debussy de Pelléas et Mélisande. Paradoxalement, un des moments les plus forts de l’ouvrage consiste sans doute en l’arrêt total de toute musique, au moment où l’écrivain fait le choix de s’emmurer définitivement dans son silence. Silence qui, bien évidemment, n’existe pas, vite rempli qu’il est par toutes formes de nuisances sonores qui nous rappellent que le vrai silence ne peut être qu’intérieur.
L’esthétique de la mise en scène de Solrey s’inspire très ouvertement de la tradition théâtrale japonaise, autant pour le choix des costumes que pour l’utilisation de certains accessoires ou éléments de mobilier, comme par exemple ces paravents sur lesquels sont projetées des images vidéos. L’esthétique très « Bob Wilson » qui en résulte, augmentée d’une lumière-matière qui crée un monde flottant, trouble et fantomatique, s’accommode parfaitement des couleurs de la partition. Les dix musiciens sont d’ailleurs placés en fond de scène, disposés en léger surplomb sur une seule ligne, vêtus de costumes baroques. La direction d’acteurs donne la part belle au rôle du narrateur, censé incarner également un certain nombre de personnages, dont celui de l’écrivain paralysé. Le plateau est dominé néanmoins par le jeune baryton-basse russe Mikhail Timoshenko, dont on saluera tout d’abord l’excellente diction française. Sollicitée dans les graves les plus abyssaux comme dans les hauteurs du registre de fausset, sa voix rend pleinement justice à une écriture vocale essentiellement déclamée, mais qui se faire plus lyrique dans les moments de forte intensité dramatique. Dans le rôle plus réduit de Tomiko, Camille Poul fait valoir un soprano vibrant et bien placé, dont on se plaît à penser qu’il ferait merveille dans le baroque français des opéras de Lully et de Rameau. On n’aura que des compliments pour les musiciens de l’ensemble luxembourgeois United Instruments of Lucilin, dont le jeu sobre et intense est tout à fait en phase avec l’esprit d’un ouvrage riche et puissant, auquel on souhaite une riche et fructueuse carrière.
HOMECLASSICAL CD REVIEWS
SCHUMANN: Cello Concerto in a; Sym. No. 2 in C Major – Jan Vogler, cello/ Dresden Festival Orch./ Ivor Bolton – Sonyby Audiophile Audition/ February 6, 2017/ Classical CD Reviews
Suave and elegant Schumann played in natural, heroic manner by all principals.
SCHUMANN: Cello Concerto in a, Op. 129; Symphony No. 2 in C Major, Op. 61 – Jan Vogler, cello/ Dresden Festival Orch./ Ivor Bolton – Sony 88985372122, 59:06 (12/2/16) ****:
Clara Schumann once referred to the people of Dresden as “Philistines,” convinced that, after six years’ habitation in the city, “no musician could be found.” With a prospective move to Duesseldorf, the entire Schumann family felt a renewed vigor, and Robert conceived his Cello Concerto in fifteen days of October 1850. Curiously, despite extensive correspondence with cellist Emil Bockmuehl about the virtuosic capacities of the piece, Schumann opted for relative restraint and economic compression of the musical materials. Still, Clara Schumann lauded the work’s Romantic fervor, its “vivacity, freshness and humor, its euphony and deep feeling.” Schumann had already demonstrated his penchant for through-composed cyclic form, connecting each of the movements thematically, with the middle movement’s serving as a kind of intermezzo-recitative before the 6/8 finale recycles motifs heard earlier in the form of jittery dance. In the Violin Concerto in d minor, Schumann presses even further into this experiment in form, though one could argue that the thematic materials betray more fatigue.
From the initial chords of the Concerto’s opening – woodwinds, pizzicato strings, and the resonant cello (rec. 27-31 May 2016) – we become beguiled by the canny interweaving of solo and tutti textures, delicate and ardent. Vogler to my ear reminds me much of Gregor Piatagorsky, who also could coax a luxurious and seductive elan from this often recalcitrant cello masterpiece. The work exults in song, but too often Schumann staggers the arioso effect, tugging at and sometimes dismantling the components. Since the first movement lacks an orchestral exposition, the work assumes a Baroque cast; and to add to the unique structure, Schumann places what there is of a cadenza near the end of the last movement, adding orchestral punctuations, to boot! Schumann, in other words, disarms the traditional “drama” of the score in order to achieve a seamless merger of all three movements, somewhat in the manner of a lyrical rhapsody. Vogler and conductor Bolton, however, impart a luster and acoustical resilience to their performance that should guarantee steadfast devotees of their rendition.
The Schumann Second Symphony (1845-46) began with Schumann’s assertion that “for some time now, I have had timpani and trumpets inside my head; and I do not know what may become of them.” George Szell was the first conductor to reveal to me what “became of them” in his classic Cleveland reading on CBS LP (ML 4817). Then came demonic Dimitri Mitropoulos and lavish Leonard Bernstein in quick succession; the latter complaining that Szell “always plays Schumann as if he wrote nothing but marches.” A different point of view emerged from Sinopoli, who saw the C Major Symphony as an adumbration – particularly in its slow movement in c minor – of Mahler. The first movement once more tends to Baroque sonority, ringing in pomposo horns, trumpets, and trombones while invoking a number of contrapuntal procedures to advance the music. The oboe, woodwinds, and strings often converge in a lustrous harmonic mix based on a series of calculated pedal points, so the idea that Bruckner is nigh seems justified. Bolton enjoys the forward thrust and motion of the first movement, avoiding, I feel, the “contrived” aspect of the Thielemann recording, which tries too hard to be the one Furtwaengler never made.
The Scherzo facilely and effectively showcases the Dresden strings in a kind of moto perpetuo. We could say that Dresden has found its musicians! The ensuing staccato triplets of Trio No. 1 gambol in a light, colorful array. The second Trio, however, cannot hide its “learned” counterpoint, especially since Schumann exploits the B-A-C-H of that composer’s penchant for musical permutations on his “flowing” name. The moving bass line and tympanic beats underline the chromatic allure of the writing. Schumann will invoke more counterpoint – specifically a staccato fugue – in his Adagio espressivo, although his intent, like that in the Rhenish Symphony, seems to establish a consistent, melancholy mood, underlined by oboe, horn and bassoon. Does Bolton mean to emphasize the “Beethoven Fifth” motif even in the midst of a bucolic nostalgia? Bolton certainly does not fear the use of portamento when he wants it. The last movement exhibits aspects of heroism – C Major and c minor – much in the Beethoven tradition. What critics carp on derives from Schumann’s elaborate coda in this movement, whose proportions have a kind of Bruckner lopsidedness. The melody here derives from Schumann’s admiration for the Beethoven song-cycle To the Distant Beloved, which provided an allusion for the great C Major Fantasie, Op. 17. Lustrous and resonant, the last pages do achieve a lovely spectrum of sound, a glorification of Schumann’s imaginative fertility in what had been a troubled period in his life; and so, the modern Dresden has in some sense redeemed its bond with this composer.
Gary Lemco
REVIEW
RECORDING OF THE MONTH
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Robert SCHUMANN (1810-1856)
Concerto in A minor for Cello and Orchestra, Op.129 (1850) [22.23]
Symphony No. 2 in C major, Op. 61 (1845/46) [36.21]
Jan Vogler (cello)
Dresden Festival Orchestra/Ivor Bolton
rec. 27-31 May 2016 Lukaskirche, Dresden, Germany
SONY CLASSICS 88985 372122 [58.44]
Performing on period instruments, the Dresden Festival Orchestra under the experienced direction of Ivor Bolton was founded in 2012 for performances at the Dresden Music Festival. Specialising in historically informed performance practice, the orchestra was formed in the spirit of the renowned Orchestra di Dresda, the former court orchestra of August the Strong (1694-1733). I’ve been fortunate to have attended four concerts by the orchestra at the Dresden Festival and it certainly excels programming music from Wilhelm Friedemann Bach to Richard Strauss, Antonio Vivaldi to Mascagni; exploring wider eras than one might imagine.
German-born Jan Vogler, now based in New York City, a renowned cellist, is also the intendant of the Dresden Music Festival since 2008. I have attended the festival for several years and under Vogler’s management it has developed international prominence, attracting the world’s finest artists, each year continuing to grow. Vogler usually plays on modern strings and the Schumann Cello Concerto is a core work in his repertoire, having recorded it in 2000 with the Münchener Kammerorchester on the Berlin Classics label. The score could almost be described as his calling card; the work international concert promoters request him, as a German soloist, to play. This recording of the Schumann Concerto came about, when Ivor Bolton asked Vogler, if he would perform the score on gut stings with Dresden Festival Orchestra at the closing concert of the 2016 festival at the Semperoper. The cellist was up to the challenge and when I interviewed Vogler for ‘Seen and Heard International’ in May this year, the Dresden Festival was in full swing and he was rehearsing the concerto, having fitted gut strings to his Stradivarius ‘Ex Castelbarco/Fau’ (1707). Just over a week prior to the closing Semperoper concert Vogler and the same forces produced this recording at the Lukaskirche, Dresden; a renowned recording venue.
After leaving Dresden to take up his appointment as music director of Düsseldorf, Schumann wrote his Cello Concerto in October 1850 in just two weeks. At this time Schumann was describing the score as Concert Piece for cello with orchestral accompaniment, emphasising the secondary role of the orchestra. It seems that Schumann rejected advice from local cellist Emile Bockmühl for more flamboyancy for the soloist. A planned première in 1852 didn’t take place, but the score was eventually published in 1854. By the time the work finally received its première in 1860 Schumann had been dead four years. The three movements are connected together, playing continuously and there is accompaniment to the cadenza. It soon becomes evident in the opening movement Nicht zu schnell that Vogler has full measure of the score he knows so well, and is relishing the new sounds from his gut strings. Vogler takes the listener into an agreeable, warm and intensely lyrical sound world, a comforting, idyllic world that the composer so rarely achieved in his own life, owing to the turmoil caused by his well documented mental health condition. Vogler excels, playing assuredly in the passages requiring brilliant virtuosic display. In the central movement of generous Romanticism marked Langsam, Vogler is entirely captivating, expressing the characteristic songlike lyricism imbued in the score. At times the writing feels like a love letter to Clara but palpable is the undertow of melancholy Vogler creates. Seamlessly done is the accelerando passage, leading into the closing movement Sehr lebhaft. Uplifting, full of glorious runs, one might question, if the cello in this work ever has sounded as mellow as Vogler’s gut strung Stradivarius. Especially enjoyable is the buoyant and delightful flourish to the conclusion. Under Bolton’s direction, the support from the Dresden players does full justice to Schumann’s orchestral writing.
Of the recordings of the Schumann Cello Concerto, from its release in 1992, my benchmark has been Heinrich Schiff for his aristocratic playing with the Berliner Philharmoniker under Bernard Haitink from 1988 at the Jesus-Christus-Kirche Dahlem, Berlin on Philips. With this stunning new release from Vogler, Schiff now has a firm competitor.
Ivor Bolton and the Dresden Festival Orchestra also played Schumann’s Symphony No. 2 at the Semperoper concert that closed the 2016 festival and recorded the work at the Lukaskirche sessions. Written in 1845/46 during his time living in Dresden, the Symphony No. 2 is, according to Sir Simon Rattle, probably the most symphonic sounding of the four Schumann symphonies. A work that comes from an anxiety- fuelled and desperately depressive period in the composer’s life, Schumann said “Only in the last movement that I start to feel myself again; but it was only after I’d finished the whole work that I really felt any better. Otherwise it reminds me of a dark period in my life.” It was Felix Mendelssohn, who gave the first performance of the score in 1846 at the Gewandhaus Leipzig. In the opening movement the Dresden Festival Orchestra provides a crucial sense of engagement and the “music of light and shade, sunshine and shadow”, which Schumann described. Buoyantly rhythmic the Scherzo, eminently Mendelssohnian in elfin-like spirit, is given sprightly, yet focused playing with the development towards the climax of the movement sounding especially impressive. Bolton in the lyrical Adagio expressivo communicates a heartfelt interpretation, infused with melancholy, providing a natural and unforced ebb and flow to the music. Dramatically engaging in the closing movement, the Dresden orchestra plays with freshness and a sense of youthful exuberance. It feels like the players are acknowledging the composer’s recently improved optimistic state of mind, which he experienced whilst working on the Finale.
Not surprisingly the Schumann symphonies have proved enduringly popular with conductors in the recording studio. A few conductors such as Riccardo Chailly and the Gewandhausorchester Leipzig have used Mahler’s revisions. Over the years the Berliner Philharmoniker has made a number of recommendable recordings of the complete Schumann symphonies using modern instruments, with the finest of them from Sir Simon Rattle (review), using a standard complement of forty strings on his live 2013 set on Berliner Philharmoniker Recordings, compared to Bolton’s thirty-five. For those wanting the complete set of symphonies, Rattle’s interpretations feel fresh and invigorating with performances that breathe new life into the works. Ivor Bolton with the Dresden Festival Orchestra make a strong case for period instruments performances and becomes my first choice in the Symphony No. 2.
For the recording Sony has chosen the wonderful acoustic of Lukaskirche, Dresden with the engineering team providing warm, reasonably clear and well balanced sound with Vogler’s cello being especially well set with the orchestra. The accompanying booklet contains a note from Vogler and a concise essay by Bernard Hentrich. My minor grumble is that the available space on the recording hasn’t been used to accommodate another Schumann work such as the Genoveva or Manfred overtures.
For its feeling of spontaneity and searing intensity of lyrical feeling in the concerto and the strong sense of engagement in the symphony, this wonderful recording on period instruments has hardly been off my CD player since it arrived. Excuse the cliché but I can’t recommend this Sony release highly enough.
Michael Cookson
AllMusic Review
Les Siècles - François-Xavier Roth
Stravinsky: Le Sacre du printemps; Petrouchka
To celebrate the centennial of the premiere of Igor Stravinsky's Le Sacre du printemps, François-Xavier Roth and his extraordinary original instrument ensemble Les Siècles re-created the original 1913 version of the score, employing vintage instruments that were used in France in the early 20th century. Not only was this authentic period version performed at the Théâtre des Champs-Elysées in Paris on the anniversary, at the same hour when Le Sacre du printemps triggered the most infamous riot in music history, but Roth and Les Siècles received a standing ovation and took the piece on tour to critical praise. This recording actually predates the Théâtre des Champs-Elysées performance, having been recorded two weeks earlier in concerts at Metz and Grenoble, but the interpretation and execution are virtually the same as what was heard internationally via webcast on May 29, 2013. Roth is fastidious in preserving every detail of the score, including different dynamic markings and breaks in the music that Stravinsky later removed in the 1947 revision. But what is astonishing in Le Sacre and in the similarly vibrant performance of Petrouchka included here, is the distinctive tone of the instruments, characteristic of hand-crafted instruments at the time. One might compare the woodwinds with modern versions and notice the deeper and richer sonorities of the older models, or detect subtle qualities in the brass timbres that are missing in instruments made today. (These differences are striking in the hair-raising Danse Sacrale, track 13.) This Harmonia Mundi CD is a feast for the ears, as well as a lesson in bringing history to life, and devotees of Stravinsky's great ballets owe it to themselves to hear this thrilling rendition. Highly recommended.
Blair Sanderson
https://www.allmusic.com/album/stravinsky-le-sacre-du-printemps-petrouchka-mw0002687047
Paris, Cité de la musique
Classique d'aujourd'hui, blog d'actualité de la musique classique et contemporaine
2 février 2012
Créé en 2003, Les Siècles est un ensemble spécialisé jouant sur instruments d’époque [...] Le concert présenté hier à la Cité de la musique devant une salle comble, du moins jusqu’à l’entracte, était placé sous l’empreinte de Claude Debussy, dont est célébré cette année le cent-cinquantième anniversaire de la naissance. Les partitions programmées étaient limitées à la première période debussyste, puisque composées entre 1882, dans la perspective du Prix de Rome, et 1894, avec l’une des œuvres fondatrices de XXe siècle musical, Prélude à l’après-midi d’un faune. [...]
Le Prélude à l’après-midi d’un faune a imposé l'excellent flûte solo Gionata Sgambaro.
Bruno Serrou
Les Indes galantes
Artistes
Bolton, Ivor
Cherkaoui, Sidi Larbi
Moore, John
Juric, Goran
Nazmi, Tareq
Benoit, Elsa
Oropesa, Lisette
Prohaska, Anna
Quintans, Ana
Lis, François
Auvity, Cyril
Vidal, Mathias
Orchestre
Münchner Festspielorchester